348                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
neuf pièces des Saisons, quatre des Éléments et douze entre-fenêtres. Ce seu) exemple donne une idée de l'activité déployée par la manufacture royale dans le cours de l'année qui suivit sa con-, sti tution définitive.
Si les Comptes des bâtiments sont muets le plus souvent sur le titre des sujets exécutés clans les divers ateliers, ils tiennent du moins une note exacte des sommes remises annuellement à chaque entrepreneur. Nous avons, à l'aide de ce document authentique, dressé un tableau des payements annuels depuis 1664, première année des comptes, jusqu'en 1694, c'est-à-dire jusqu'au moment où la fabrication est presque entièrement arrêtée.
Pendant cet espace de trente et un ans, réduits à' vingt-sept par suite de l'omission de la dépense des manufactures dans les registres de 1671, 1672,1677 et 1670, Jans reçut la somme totale de 769,830 livres; Lefèvre, 348,924 livres; Henri Laurent et Mozin, qui remplace Laurent à partir de 1670, se partagent 312,849 livres ; enfin Delacroix eut pour sa part 280,159 livres, soit une dépense totale de 1,711,762 livres, ou 2,000,000 en chiffres ronds, en tenant compte surtout des quatre années sur lesquelles les rensei­gnements font défaut. Le total le plus élevé est celui de 1669. Jans et Lefèvre ne touchent pas moins de 128,000 livres pour ce seul exercice. La moyenne est de 22 à 25,000 livres par an pour Jans, de 12 à 15,000 pour Lefèvre, de la même somme pour Mozin, et de 8 à 10,000 livres pour Delacroix. A l'aide de ces détails, on arriverait à évaluer, à peu de chose près, la quantité d'aunes carrées fabriquées par chaque entrepreneur pendant la période qui nous occupe.
En 1695, au compte des Gobelins ne figurent que les pensions des tapissiers et les travaux cles bâtiments. Une récapitulation des dépenses de toute nature faites pour la manufacture pendant les trente et une années de sa plus grande prospérité s'élève à 3,645,943 livres, y compris les ouvrages de la Savonnerie. Soit en­viron 12,000,000 de francs, au pouvoir actuel de l'argent, pour une période de trente ans. « Pendant la guerre, que les ouvrages ont cessé, ajoute le rapport auquel nous empruntons une partie de ces détails,. Sa Majesté a fait des pensions aux principaux ouvriers de la manufacture des Gobelins. »
On a maintenant une idée des sacrifices faits pour assurer l'exis­tence et la prospérité de la célèbre manufacture des meubles de